Puisque les tombeaux les mieux remplis ne se trouvent pas toujours dans les cimetières, je vais te parler des tombeaux d’à côté de chez moi !
Il a travaillé très dur, accumulant le travail des autres, tout en dissimulant son épuisement. Pour se défaire de ces charges, il se mit à boire, il tomba la première fois, les fois d’après, il creusa sa tombe ! Son tombeau se trouve à quelques mètres de chez lui, un bar où les vivants s’amusent et rentrent, où les survivants se remontent le moral, où lui se tue et s’enterre incognito !
Elle a vu l’âge passé, elle a entendu que les autres jeunes filles avaient de l’expérience, la voilà tombée dans les sexéperiences ! La première fois, elle regretta, les fois d’après, elle se laissa aller ! Elle creusa sa tombe à quelques pas de sa maison ! chez un homme qui lui loue un appartement de rêves, où elle se tue et s’enterre sans un mot.
Enfant, il était sage et intelligent. Il fut la fierté de sa famille, l’exemple de toute une génération, un modèle pour la multitude, mais un prisonnier de la perfection ; l’otage des désirs d’autrui. Il se tua à petit feu, à chaque erreur de parcours il doutait de lui, à chaque échec, il accusait l’existence. Devenant de plus en plus humain. Son tombeau fut un piédestal construit dans la démesure. Il se tua en silence, personne ne remarqua son absence, car il était présent, mais en tant qu’autre !
Elle avait des rondeurs, celles qui rongent de l’intérieur, celles qui accusent et qui formulent des excuses par un simple regard. Elle a tout tenté pour ressembler à la fille d’à côté ! Rien n’y fait, elle a échoué très souvent. Son tombeau n’est pas très loin, c’est son miroir, elle se tue avec l’assiette et s’enterre avec des regrets.
Ils se sont aimés, d’un amour sans pareil, d’un amour qui brûle de passion, hélas, qui laisse les cendres au lieu de cent tendresses. Ils ont couru au lieu de marcher main dans la main et ont fini par se fatiguer ! Les voilà découragés de poursuivre à deux, mais difficiles d’assembler chacun ses affaires. À défaut de vivre ensemble, ils se jurent à tort de rester ensemble au mépris de la vie. Ils se tuent par un regard, par un geste, le foyer d’autrefois est devenu le tombeau familial.
En bon séminaire, il voulait être prêtre, les années passant, il n’en a pas eu que pour Dieu, mais aussi pour l’amie d’enfance, difficile de choisir dans une société qui établis et juge sans cesse, il poursuit la prêtrise, mais la vie s’acharne et le poursuit. Il se tue par ses pensées, il s’enterre par les vœux qui lui pèsent. Son tombeau est la cathédrale où il officie sans vocation, juste une convocation, un devoir de le faire !
Les tombeaux d’à côté sont bien remplis, la vie n’a plus des clients. C’est triste à côté ! La seule différence entre les tombeaux de cimetières et ceux d’à côté est la suivante:
À côté, les gens peuvent ressusciter ! Tout n’est pas perdu, les fleurs peuvent toujours refleurir, une aide peut être miraculeuse, sortir de la tombe pour s’en sortir autrement n’est pas une utopie, mais une promesse si l’on a le courage et la foi en la vie !
Ecrit par Aliane UMUTONIWASE