Le deuil d’un homme

Après le décès inopiné de sa femme, dans un accident effroyable, atrocement mal vécue parce qu’il était là avec elle au moment du drame, il demanda à Dieu les comptes, pourquoi moi ? De quel destin me contrains-tu à vivre ? Une tristesse sans fin, de douleur en douleur, des enfants à élever, mais d’abord la lourde tâche de leur expliquer que leur mère ne reviendra pas ! eux qui pensent innocemment que dans chaque voyage, il y’a un aller et un retour ! Ils ont vu maman rentrer tellement de fois, il est hors de question qu’elle ne revienne pas !
C’est maman, les mamans restent pour toujours ! Eux aussi auront droit à cette chance, c’est un droit qui ne devrait pas leur être refusé !
De quelle vie si, de la mienne je vis un enfer ? Si je dois accepter l’inconcevable ? Je n’ai pas le choix c’est un ordre imposé par un Dieu aimant, mais qui me laisse songer à une exception !
Les gens vont et viennent, ils me rappellent que malgré tout cette vie est belle moi je vois plutôt qu’elle est cruelle ! ils me rappellent que la vie sera paisible moi je crois qu’elle restera pénible !
J’ai mal et le malheur de paraitre fort pour les miens, rien ni personne pour atténuer ma douleur, les douceurs d’autrefois se sont transformées en souvenirs douloureux !
Mon cœur saigne, mais être un homme exige d’être un roc ! C’est la boue je le sens, mon cœur n’a plus de quête si ce n’est partir à mon tour !
Une histoire d’amour devenue une histoire de mort !
Une histoire heureuse devenue une histoire douloureuse !
Un amour si beau, destiné à se terminer si jeune !
Les fruits de cet amour auront un fond d’incompréhension et d’incomplétude !
Que faire pour ne plus ressentir ce vide ? Vider mes larmes n’a plus guère d’effet sur moi, toutefois je saigne et je ne sais pas comment me soigner !
Comment envisager un avenir, alors que le nôtre est fauché, comment penser autre chose alors que tu visites chacun de mes rêves !
Comment me résoudre à l’idée que tu es désormais réduite au silence définitif !
Les enfants te réclament, ma vie acclame la tienne, mais mes mains restent immobiles et seules au moment de vouloir embrasser les tiennes !
Cette souffrance est inaudible pour le monde tout comme notre histoire qui ne concernait que nous deux !
Me voici seul, seul à rêver encore de nos moments, seul sans repère, seul sans expérience ni plan de comment devenir père et mère à la fois, moi qui te voyais faire et qui t’admirais en silence, je n’ai pas su que tu étais pressé de partir !
Certains arrachements sont plus durs que d’autres, une partie essentielle de mon être s’est envolé ! Si tu me vois, fais-moi un signe !
Les mois passent, les activités reprennent, ils disent que la vie vaut la peine d’être vécue, je crois qu’elle veille seulement à ce que j’aie de la peine ! Sinon comment peut-elle oser séparer une mère à ses enfants à fleurs de l’âge ? Sinon comment séparer un époux de son épouse ? Pour comprendre tout ça, ils me disent que je ne dois regarder que ceux qui souffrent plus pour me sentir moins infortuné ! Quel drôle de façon d’aimer la vie, désormais pour l’aimer je dois puiser dans ce qu’elle a de plus pénible ! Regarder les plus veufs que moi, les plus malheureux que moi ! Je refuse, je veux souffrir ma souffrance.
Les banales conversations me manquent, mais aussi ne me font désormais plus rien ! La vie est sans saveur ! Certains départs au-delà annoncent la fin au-dessous ! J’en sais quelque chose.
Aujourd’hui, j’ai oublié comment vivre ! ivre de mes pensées obscures, j’implore le bon Dieu de me donner un signe, je m’en remets au créateur, pour recréer mon âme.
Pour enfin, accepter ma croix, moi qui s’est vu refuser une prochaine croisière ! cette vie est pleine de souffrances, si tu es de l’autre côté prêche qu’elle est belle, mais ne prend pas de haut ceux qui pensent qu’elle est pénible ! Si elle te fait goûter aux brefs plaisirs de l’existence, enivre-toi, mais ne gêne pas ceux qui pansent leurs blessures !
La vie est ce qu’elle est ! Incompréhensible dans sa compréhension. Inadmissible dans certaines admissions ! Imbuvable parfois. Pourtant elle est là, certains comme moi la poursuivent amèrement, forcément ou je dois dire qu’elle me poursuit malgré moi !

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Ecrit par Aliane UMUTONIWASE

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