L’autre jour, j’ai pensé à toi mon amie, je me suis demandé à quelle douleur tu souffres et surtout comment tu arrives à supporter mon attitude qui t’accable en te couvrant des messages qui rassurent mon ego, mais, qui censurent ton essence !
Je te sais introvertie par la nature, je te sais réfléchie et calme, malgré tout je t’afflige avec mon impatience égoïste.
Il y a quelque temps, nous étions heureux, je venais te raconter ma vie et te conter mes espérances, tu recueillais mes confidences et par ta présence simple, mais efficace chacun y trouvait son compte. Toi, grandi par mon expérience, et moi épanoui par le fait de penser à haute voix.
Les réseaux sont arrivés avec un bouton de partage, un partage qui a pris de plus en plus place dans nos discussions, un partage qui est devenu trop facile et qui a remplacé mes propres mots, les mots qui pourtant racontaient les véritables événements, réalités et souffrances de ton hôte !
L’extravertie que je suis, est devenue l’extra-textovertie, j’ai abusé de mon aisance à rire trop vite, à m’émouvoir beaucoup trop facilement et à te partager ce qui me semblait excellent pour exciter ta nature profonde.
Les premiers jours, tu as suivi, tu riais comme moi, tu réalisais même l’effort de me rendre la pareille en m’envoyant ces mèmes qui te tombaient sous les yeux.
J’ai lu dans ces gestes un changement que je voulais croire et j’ai fini par t’ajouter dans chaque groupe de discussion, j’ai fini par ignorer ta nature qui exige une profondeur dans le ressenti des choses, j’ai fini par te prendre ton espace intime et je me suis invité dans ton intimité en jugeant tes manques de réactions immédiates ! J’ai fini par exiger de toi ce que je te savais incapable de réaliser : “RÉPONDRE À TOUS MES MESSAGES“.
À l’heure actuelle, je me rends compte de mes erreurs, ces réseaux nous donnent matière à discuter, mais nous empêchent de voir qu’il ne s’agit pas de nos propres discussions, mais celles engendrées d’un scandale à la mode, d’un mème plaisant, d’une citation tirée hors contexte. Nous nous sommes tus (taire) pour laisser la place à ceux qui s’expriment mieux que nous !
Je suis extravertie avec une capacité de chercher le réconfort à l’extérieur de moi, le dehors me semble familier, cette facilité m’a rendue ivre de jugements, je te néglige et je questionne ton incapacité à ne pas rejoindre le mouvement ! Je chronomètre ton temps de réponse et m’indigne au lieu de penser.
Ma chère amie introvertie et devenue Intro-textovertie, je te demande pardon ! En ce début d’année, je vais mesurer notre amitié par la qualité de nos conversations et non par la quantité de nos messages qui restent pour la plupart du divertissement !
Je t’avoue que tes messages me font plaisir, le simple fait de te savoir mort de rire comme moi égaye mes journées, si l’effort de me répondre ne te coûte pas ton humeur de la journée, je prends. Mais si jamais je deviens lourde, préviens-moi j’allègerais mon bagage des blagues et des messages non utiles.
Je t’aime plus que ce monde des réseaux qui m’attire, je t’estime inestimable que ce monde virtuel ! Je te promets de restaurer la singularité de ton intimité en taisant mon envie pressent de chatouiller tes émotions. En ce début d’année je te promets de me souvenir et de ré instaurer l’amitié d’antan.
Ton amie extra-textovertie
Ecrit par Aliane UMUTONIWASE
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