« Un jour, je regarderai tout cela avec gratitude », cette phrase m’est venue au moment où je m’apprêtais à répondre. En effet, ce fut un immense honneur de réaliser que non seulement vous m’avez posé des questions sur ma vie, mais que vous m’avez invité aussi à me questionner sur d’autres sujets de la vie. « Parlons de la vie » cela dit, même si je suis enthousiaste à l’idée de me livrer à cet exercice, je n’ai pas la prétention de tout connaitre sur les sujets que je m’apprête à aborder, toute critique est la bienvenue, il est toujours important d’apprendre et de désapprendre, si le raisonnement de départ est faux. Je suis consciente que les livres savent mieux que moi, ici je livre le fond de mon cœur et ce qu’il m’est possible de penser, c’est parti :
Penses-tu réaliser tes rêves sans le soutien de tes proches ?
En ce qui me concerne, mes frères et sœur croient en moi et me soutiennent chacun à sa manière, j’ai quelques amis aussi qui me témoignent de leur foi en moi. Mais si je devais répondre de façon plus globale, je commencerais par l’exemple suivant :
Lorsque l’on couche un bébé dans l’obscurité et qu’on le laisse seul, il pleure. Lorsque sa mère ou son père revient le border, le bébé cesse de pleurer et s’en dort aussitôt. Lorsque les parents décident de ne pas revenir, là aussi, le bébé cesse de pleurer avec difficulté cette fois-ci, mais s’en dort quand même.
Je crois que depuis la nuit des temps, l’homme a besoin de savoir et de comprendre où il met les pieds, il n’a pas seulement besoin de soutien, il a aussi besoin de savoir sur qu’il ne peut pas compter afin de se renforcer et d’avancer avec clarté !
Un soutien affiché fait beaucoup de bien et apporte beaucoup de sérénité, toutefois, le manque de soutien s’il est bien assumé de la part de celui ou celle qui le manifeste, il peut nous permettre d’acquérir d’autres armes, de changer de stratégies et d’avancer autrement. La vie trouve toujours son chemin.
Mind your own business (qu’en penses-tu)
Ma pensée n’est pas la plus populaire, car je peine à saisir le sens de cette phrase, je crois sincèrement qu’il vaut mieux avoir les gens qui se mêlent de notre vie que des gens qui s’en moquent.
D’une part, nous passons le plus clair de notre temps en tentant de nous faire remarquer et lorsque cela arrive nous nous plaignons que parmi ceux qui nous ont remarqués, se trouvent des gens dont nous ne voulions pas cibler l’intérêt.
De l’autre part, il y a des gens qui ne trouvent pas assez une vie (la leur), qui veulent dicter celles des autres, ces gens veulent que l’on aime comme eux, que l’on pense comme eux, que l’on souffre comme eux, que l’on prie comme eux, que l’on se marie comme eux, que l’on se perde comme eux et que l’on se retrouve comme eux. L’idée de nous voir heureux différemment leur est insupportable et l’idée de nous voir souffrir des souffrances qu’ils ont surmontées les rend critiques à notre égard. Ces gens qui veulent accorder notre existence à leur injonction, mériteraient un grand « occupez-vous de vos affaires » !
J’aime que les gens soient dans ma vie, j’aime moins qu’ils se mêlent de ma vie et je suis horrifié à l’idée de n’être visible pour personne. D’où ma phrase qu’à choisir entre se mêler et se moquer de ma vie. Je choisirai ceux qui s’en mêlent et je leur apprendrai mes limites ! L’indifférence est la pire des mépris, mind your own business s’applique chez moi, que lorsque je ne suis pas acceptée telle que je suis. Il est réservé à ceux qui veulent me modeler à leur image !
Quelles sont tes plus grandes peurs ? Comment les as-tu surmontées ?
Mes peurs sont nombreuses, celles que j’ai pu surmonter un peu moins. Cela ne me décourage pas, je suis en vie, j’apprends, je désapprends pour méprendre moins la vie. Je vais essayer de détailler 4.
Décevoir mes parents : pendant très longtemps, j’ai été paralysé par le fait de décevoir mes parents. L’idée que je ne sois pas la fille qu’ils auraient aimé avoir me rendait malade. Pour m’affranchir, j’ai dû grandir et me trouver digne d’un autre rôle que celui de les satisfaire. Cela peut sembler banal, mais dire aux enfants qu’ils ne sont pas aimés pour leurs mérites, peut leur changer la vie ! Cela m’aurait bien aidé.
La peur de décevoir s’accompagnait toujours de la peur de rejet. Nombreux sont les fois où j’ai dit OUI à mes parents, ensuite à mes amis et collègues. Pour éviter un regard de travers, pour éviter un jugement prématuré ou pour empêcher une séparation que je sais pourtant irrémédiable ! j’ai fini par décevoir mes parents, j’ai fini par décevoir mes amis et j’ai fini par être reproché de ce que moi je croyais être des qualités vitales pour que je sois aimée ! la personne que j’ai le plus déçue c’est moi et celle que j’ai rejetée, ce fut moi ! j’ai cessé de craindre de décevoir les autres, aujourd’hui, j’ai juste peur de me décevoir, ce qui est devenu ma force car je fais ce que mon cœur me dicte de faire. (pas toujours, mais de plus en plus souvent)
Grossir : il est extrêmement difficile de ne pas avoir de corps où l’on repose son identité, tous les six mois je change de corps, une année je peux avoir 65 kg et l’année suivante peser 85 kg chaque saison de mon corps, j’ai des avis qui divergent, j’ai un corps d’exhibition et un autre que je cache. J’ai un corps qui me vaut les éloges et un autre me vaut des critiques. Ma peur est de me dire jusqu’où peut aller ce corps qui se refuse d’être mien par son inconstance, je ne connais vraiment pas ses limites et cela me fait peur et cette peur engendre un sentiment d’impuissance. C’est la partie que je gère à grand-peine. À l’heure où j’écris, mon corps me résiste toujours.
J’en profite pour dire que l’on peut tout dire à celui ou celle qui nous écoute, mais cette personne parfois ne peut pas tout entendre. Chaque remarque bonne ou mauvaise que l’on me fait sur mon corps me fait penser qu’il a été remarqué… (je réserve ma pensée pour une autre fois).
Peur des serpents et des accidents : je crois que petite fille j’ai entendu beaucoup de légendes sur les serpents et ils me font peur aujourd’hui comme hier.
Quant aux accidents à l’âge de 13 ans, mon père a eu un accident qui a failli lui coûter la vie, à 15 ans j’ai assisté à un accident d’un petit garçon mort sur le coup, à l’âge de 25 ans j’ai accompagné une dame à la morgue pour reconnaître son frère fauché par une voiture et récemment une amie est morte dans un accident. La liste est longue, le fait de songer à cette mort qui défigure, qui emporte sans préavis, ni l’acceptation au préalable pour la famille endeuillée. Des phrases comme « il y a deux minutes, nous parlions des projets » me donnent la chair de poule. Je n’ai pas encore appris à les surmonter.
D’où trouves-tu la motivation ?
Je suis quelqu’un qui pense constamment que nous sommes de transitoires occupants des lieux. Mortelle que je suis, cette pensée me motive. J’essaie de me donner les moyens afin de donner vie à mes rêves les plus intimes. Je me répète qu’il n’y aura nulle autre personne qui pense comme moi et qui agisse exactement comme moi. (Cela s’applique seulement aux rêves qui me sont intime : l’écriture par exemple) Si échec il y a, je voudrais échouer admirablement. Si succès il y a, je voudrais réussir en conquérante ! je fais confiance au processus.
La motivation pour des choses où ma survie en dépend, je regarde la récompense au bout, quelques autres satisfactions personnelles ! Ce qui me motive également c’est de bien maitriser ce que je fais et d’en comprendre l’utilité. J’accorde une grande importance à mon environnement de travail aussi, car il peut vite devenir une véritable source de motivation.
Remerciements
Merci aux gens qui ont pris le temps de m’envoyer des questions, mais aussi des encouragements : Angie, Belyse, Driss Marvella, Innocent, Ella, Steven, Gallina et Migambi.
PS : Pour les questions que je n’ai pas répondues, je le ferai dès qu’il me sera possible.
Écrit par Aliane UMUTONIWASE
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