Douce absurdité

Mon ami
J’ai cessé de croire que c’est Dieu qui donne, étant donné que je vis dans un pays de possibilités ! Un pays où la science s’engage à élucider tous les mystères. Me voilà placer ma confiance en l’homme sachant plutôt qu’en un Dieu savant !
Mon ami ;
J’ai même oublié que la nourriture maintient mon organisme en vie. J’en parle avec mépris et j’élabore des stratégies d’en user sans risque de perdre ma silhouette ! j’ai oublié la faim, voilà que je me plains de cette facilité à avoir une table bien remplie.
Si la richesse des choses est le plaisir des riches, la richesse de considération est celles des pauvres.
Mon ami ;
J’ai cessé de croire en l’amour amical, car je me crois assez riche pour susciter des relations par intérêt. Et assez pauvre de valeurs humaines pour être aimé tel que je suis.
Si l’amitié est l’amour par excellence, se croire supérieur rend cet amour suspicieux.
Mon ami ;
J’ai cessé de croire en l’amour des amoureux, car pour le croire il faut accepter de tomber. La vulnérabilité apparaît comme une faiblesse, je me suis refusé cette chute. Or, si rester seul témoigne parfois un suprême contrôle, tomber amoureux est un luxe d’âmes capables de lâcher prise.
Mon ami ;
J’ai cessé de penser par moi-même, car pour penser, il faut se dépenser dans la recherche de sa vraie nature. À défaut de m’ouvrir à la sagesse, j’ouvre souvent les réseaux sociaux, je mime une danse sur TikTok, je ris d’une blague Instagram et je corrige mon visage sur Snapchat.
Socialement, je m’invente un visage. Professionnellement, je me donne une image, LinkedIn ne le sait que trop bien !
Si les réseaux nous connectent, nous informent et nous divertissent. Sans raisonnement, ils nous appauvrissent et nous déforment sans nous avertir.
Mon ami ;
Où est la vie là-dedans ? Sommes-nous censés naître, paraitre et puis disparaitre ? par chance, je me refuse cette fatalité. Paraître à ses charmes sans nul doute, mais toi quand tu viens à moi. Ne parais pas, je t’en prie.
Viens dans ta nature profonde, nous avons tant de choses à vivre et j’ai tout intérêt à apprendre de toi, ce qu’est la vie !
J’ai soif de vivre sans prescription des réseaux et sans désespérance d’une vie belle !
Mon ami ;
Plutôt que de me confiner j’aime mieux me confier ! Tiens, mes pensées dans ton noble cœur.
Avec toi, je veux tendre au lieu de prétendre !
Avec toi, je veux rendre au lieu de vouloir tout prendre !
Je vais attendre et espérer au lieu d’entendre les bruits qui courent en propageant des rumeurs que cette vie n’est que douleur.

Mon ami ;
Je sais que parfois je te surprends par ma poésie plutôt dénonciatrice que consolatrice. Je laisse les autres te charmer, espérant que tu trouves le goût à ma façon de t’alarmer ! J’aime mieux la variété. Je dénonce l’obscure face de l’existence sans pour autant renoncer à l’éclat de la vie. Si tu me lis bien, tu verras que j’aime profondément la vie dans sa totalité, c’est-à-dire à la fois belle et tragique !

Ecrit par Aliane UMUTONIWASE

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