Poésie: Lucette

Moi, si expressive, si joyeusement explosive quand il s’agit de qualifier mes amitiés. Toi, si pensive, si attentive quand il s’agit d’accorder la tienne. Tu m’as appris la juste retenue ! 

J’idéalise, tu relativises ce qui fait que je suis si souvent déçue et toi très souvent calme, parce que tu t’attends toujours à ce que les êtres soient ce qu’ils ont toujours été : vertueux et lâche donc pétri de contradictions ! 

 Je suis celle qui se plaint, tu es celle qui console. Je suis celle qui meuble le vide par des plaisanteries et tu es celle qui offre le silence apaisant ! C’est à tes côtés que j’ai appris de ma propre solitude !  

Si je suis une étoile qui brille dans la nuit, tu es un soleil printanier qui brille sans brûler. J’exprime mieux la tristesse même quand je suis joyeuse. Tu exprimes mieux la joie même quand tu es triste ! C’est à tes côtés que j’ai mieux connu mon âme. La mienne est sensible à la douleur vécue ou non, la tienne au bonheur pourtant je ne suis pas celle qui a vécu la plus terrible de toutes.  

Ces dernières années ont été les plus dures. Les amitiés se sont défaites, les certitudes ont vacillé et la vie n’a pas cessée de me mettre à l’épreuve. Elle m’a ôté tout ce que j’utilisais (à tort) fièrement pour me définir. C’est dans ce ciel noir que tu as choisi pour me prouver que tu es cette autre famille, non liée par le sang, mais par le sens fidèle d’une amitié sincère.  

Tu as entendu mes doutes sans chercher à les dissiper. Tu as disloqué mes peurs en mettant en évidence mes forces. À l’occasion, tu devais convoquer les souvenirs de moi débout pour fabriquer des béquilles à cette autre moi à terre ! 

 « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » Corneille l’a dit. Tu es née avec cette générosité sans faille. Tu ne connais pas de mépris ni de saloperies de ce monde. À la malice, tu as choisi l’amour. À l’orgueil, tu as choisi l’humilité. Tu n’es pas la perfection, mais tu es l’exemple parfait qu’essayer sincèrement, constamment et progressivement, c’est déjà exceptionnel. 

La vie m’a appris que la prudence et la pudeur dans les sentiments protègent bien des souffrances, mais moi je crois à l’éternité de notre amitié. Et si cette éternité devait être courte, la souffrance n’égalera jamais la vie que tu m’as offerte. Je choisis donc cette vulnérabilité et ainsi j’exprime mon amitié et ma gratitude. 

Il y a quelques jours la vie s’est remise à me sourire et ce jour-là, j’ai publié un texte intitulé « séparation » tu m’as dit que tu croyais que j’allais écrire autre chose. Oui, j’aurais pu écrire autre chose et cette autre chose devait être en lien avec toi, alors j’ai attendu jusqu’à ce que ma pensée puisse rendre ces quelques mots.

Tu as été à la première loge quand j’étais au plus bas. Tu l’as été à l’hiver de l’épreuve, tu devais l’être au printemps de la vie ! Merci d’être une amie, merci d’être une sœur, merci d’être tout ce que je ne suis pas parce que je ne le pourrais pas !
Merci d’être tout ce que je ne suis pas parce que je n’arrive pas encore à l’être !
Merci de tout donner et de te satisfaire de ce qu’il m’est possible de donner en retour!
Merci d’être toi et de me laisser être moi.

Si je devais résumer l’amitié complète, de ce que je crois savoir d’elle aujourd’hui je dirais LUCETTE. Et si je devais le dire dans ma langue maternelle, ce serait IKUZWE. À la vie, à l’amitié. Que mon cœur n’oublie jamais ce que tu fus, ce que tu es pour moi !

Merci d’être

Ecrit par Aliane UMUTONIWASE

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